Bonjour, tu aimes l’Histoire et tu as bien raison ! Aujourd’hui, je vais te parler de l’expédition d’Égypte.
Regarde cette frise chronologique : nous sommes en 1798, neuf ans après le début de la Révolution française de 1789. Deux ans auparavant, le général Bonaparte a triomphé des Autrichiens qui occupaient l’Italie. Placée sous le régime de la république qui a remplacé la monarchie, la France est gouvernée par une institution qu’on appelle le directoire. Ses membres redoutent la popularité grandissante de Bonaparte qui pourrait bien avoir l’ambition de les renverser. C’est alors que leur vient une idée.
Pour la comprendre, rappelons-nous qu’à l’époque, la France est en guerre avec l’Angleterre qui peut compter sur les richesses de ses colonies aux Indes pour se financer. Pour vaincre l’Angleterre, il faut donc envoyer une armée en Égypte et lui couper la route des Indes. Qu’à cela ne tienne, c’est une mission pour Bonaparte qui y voit l’occasion d’obtenir davantage de gloire. Quant au Directoire, il est trop heureux d’éloigner de la France ce général si encombrant.
Tu dois comprendre que pour les Français, l’Égypte est une terre mythique qui nourrit leur imagination. Mets-toi à leur place, ils vont guerroyer au pays des pharaons, au pied des pyramides, une terre foulée par des personnages aussi prestigieux qu’Alexandre le Grand ou César. Mais comment cette expédition s’est-elle déroulée exactement ?
Le général Bonaparte réunit d’abord de nombreux soldats, 35.000 exactement, commandés par les meilleurs généraux de l’époque : Desaix, Davout, Kléber, Lannes, Bessières ou encore Murat. Certains d’entre eux deviendront d’illustres chefs militaires dans la future Grande Armée de l’empereur Napoléon. Bonaparte embarque aussi avec lui de nombreux scientifiques, séduits par l’idée de partir étudier l’Égypte. Parmi ces 167 savants, on trouve des mathématiciens, des géologues, des chimistes mais aussi des ingénieurs, des botanistes et des physiciens.
Tout ce petit monde appareille le 19 mai 1798 du port de Toulon sur une gigantesque flotte de 320 navires qui doit traverser la Méditerranée. Mais le voyage n’est pas de tout repos car la flotte anglaise veille et n’a qu’un objectif : couler les bateaux français Miracle : le corps expéditionnaire français leur échappe et se paye même le luxe de s’emparer de l’île de Malte.
Deux mois après son départ, la flotte française arrive enfin en vue du port d’Alexandrie où Bonaparte débarque rapidement ses troupes. Puis, il se dirige vers la cité du Caire, capitale de la région dont il veut également s’emparer. Mais il doit d’abord affronter l’armée des Turcs ottomans, notamment les guerriers mamelouks, réputés pour être d’excellents cavaliers. Cet affrontement se déroulant à proximité des fameuses pyramides égyptiennes, c’est là que Bonaparte, voulant encourager ses soldats, aurait prononcé une phrase restée célèbre : « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! »
Fin stratège, Bonaparte ordonne à ses troupes de se placer en carrés défensifs sur lesquels se brisent les charges successives des 10 000 cavaliers mamelouks. La victoire des Français est écrasante : ils n’ont perdu que trente des leurs tandis que 8.000 ottomans sont tombés sur le champ de bataille.
Après la conquête du Caire, Bonaparte a deux objectifs. D’abord, Il se rend maître de tout le nord de l’Égypte. Ensuite, il porte une grande attention aux recherches que poursuivent les savants de son expédition. C’est pourquoi il crée l’institut d’Égypte tout entier dédié à l’étude de ce pays. Les résultats sont colossaux : par exemple l’épuration des eaux du Nil, l’étude d’un projet de création du canal de Suez, le recensement des monuments antiques de l’Égypte mais aussi de sa faune et de sa flore, la découverte de la pierre de Rosette permettant vingt ans plus tard le déchiffrement des hiéroglyphes.
Cependant, la situation des Français en Égypte est de plus en plus difficile : Loin de la France, ils demeurent isolés et menacés par les Ottomans et leurs alliés anglais. Pire encore, ces derniers parviennent, sous le commandement de l’amiral Nelson à détruire la flotte française à la bataille navale d’Aboukir, privant ainsi Bonaparte de la possibilité de faire revenir son armée. Pour couronner le tout, une puissante armée turque les attaque par la Syrie. Décidé à contre-attaquer, Bonaparte s’empare des forteresses d’El Arich et de Jaffa, remporte les batailles de Nazareth et de Mont Thabormais échoue, en revanche, à prendre la cité portuaire de saint Jean d’Acre. Plus grave encore, son armée est touchée par une épidémie de peste, une maladie dont les victimes meurent en quelques jours. Les Français sont donc contraints d’entamer leur retraite vers le Caire. Alors qu’ils s’en approchent, la flotte anglo-turque a débarqué son armée à Aboukir. Bonaparte réagit aussitôt. Bien qu’en infériorité numérique, il se porte avec une petite armée à Aboukir et le 25 juillet 1799, bat encore une fois les Ottomans. Il sauve ainsi sa conquête d’Égypte mais n’a plus les moyens d’envahir la Syrie.
En outre, il apprend qu’en Europe, l’Autriche et la Russie ont déclaré la guerre à la France. Il décide donc de confier le commandement des troupes et de l’expédition à Kléber, son meilleur général et rembarque discrètement pour la France en août 1799. En définitive, l’armée française capitule et quitte l’Égypte en 1801.
Finalement, que dois-tu retenir de cette expédition d’Égypte ?
- C’est un exploit à mettre au crédit du général Bonaparte, lequel a conquis tout un pays en seulement un an et remporté de nombreuses victoires sur les Turcs ottomans, notamment celle des pyramides en juillet 1798 et celle d’Aboukir en juillet 1799.
- Bien qu’assez courte, la présence française laisse des traces de son passage comme la modernisation de la ville du Caire ou la création de l’institut d’Égypte.
- S’il ne reste rien de la conquête territoriale, cette expédition est un succès sur le plan scientifique. Elle a notamment permis la redécouverte de l’admirable civilisation égyptienne.
L’expédition d’Égypte est la dernière étape avant la prise de pouvoir de Bonaparte, d’abord comme premier consul puis comme empereur des Français. Mais ceci est une autre histoire…