Bonjour, tu aimes l’Histoire et tu as bien raison ! Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire de Charles Quint, un personnage majeur de l’histoire de l’Europe, sous la Renaissance. Charles Quint est à la tête d’un empire tellement gigantesque qu’on dit que le soleil ne s’y couche jamais. Mais diriger cet empire n’est pas de tout repos comme tu peux t’en douter.
Regarde d’abord cette frise chronologique : en 1500, Charles Quint naît à Gand, une ville prospère des Flandres, dans la Belgique actuelle. Par son père, Philippe « le Beau », il descend de la prestigieuse famille des Habsbourg qui règne en maître en Autriche et de celle des ducs de Bourgogne qui possède les Flandres, les Pays-Bas, et la Bourgogne. Par sa mère, Jeanne, il descend des deux familles qui ont unifié l’Espagne, celle de Castille et celle d’Aragon. Héritier de quatre dynasties, Charles est donc, dès sa naissance, l’un des princes les plus puissants d’Europe.
Même s’il est issu d’une famille illustre, Charles connaît une jeunesse difficile. Il n’a que six ans quand son père meurt. A peu près au même moment, sa mère part s’enfermer dans un couvent en Espagne. Pas très étonnant puisqu’on la surnomme Jeanne « La Folle »…C’est donc sa tante, Marguerite d’Autriche, qui aide le jeune Charles à régner sur ses possessions. Il apprend aussi le français, la langue de l’élite européenne de l’époque, le métier des armes et la culture chevaleresque.
En 1515, Charles est enfin en âge de régner seul sur ses États. Tu imagines ? C’est la grande époque des villes flamandes en pleine expansion économique et qui s’enrichissent sous le règne du duc Charles. Nous sommes alors autour de 1517 et tout se passe à merveille sauf … en Espagne où le jeune duc se heurte aux grands nobles du royaume et quelques années plus tard, à la révolte de plusieurs villes de Castille qui refusent de lui payer l’impôt.
En 1519, son grand-père paternel meurt et laisse vide le trône du Saint-Empire romain germanique. Vide ? Pas tout à fait. Charles est en bonne place pour réclamer la succession de son grand-père mais il doit user de diplomatie pour obtenir le plus de voix : en effet, le Saint-Empire est doté d’un système électif, c’est-à-dire que les grands seigneurs allemands votent pour choisir leur nouvel empereur entre plusieurs candidats.
Très vite, François Ier apparaît comme le principal rival de Charles dans cette course à la couronne impériale. Le roi de France est tellement motivé pour prendre le pouvoir qu’il débourse près d’une tonne et demie d’or pour s’attirer les faveurs des électeurs ! Mais, c’est finalement Charles, devenu Charles Quint (qui signifie V en latin), qui est choisi. Tu l’as deviné, celui-ci s’est assuré le soutien d’un plus grand nombre d’électeurs en leur versant, tout simplement, davantage d’or que ne l’ont fait les Français !
Un peu rancunier, François Ier fait de Charles Quint son pire ennemi : il faut dire que les possessions habsbourgeoises encerclent le royaume de France et représentent donc un danger constant. Poursuivant les efforts des précédents rois pour rompre cet encerclement, François Ier réclame la région de Milan, alliée du nouvel Empereur. A la bataille de Pavie, en 1525, les Impériaux battent les Français et François Ier, capturé, est envoyé en Espagne. Le conflit reprend toutefois dès sa libération.
Charles Quint doit aussi s’occuper des affaires intérieures. Il lui faut ainsi régler l’épineuse question du… Protestantisme ! Revenons quelques années en arrière : en 1517, un moine de Saxe, un certain Martin Luther, placarde ses 95 thèses s’opposant au catholicisme : Luther critique la hiérarchie religieuse et l’autorité du Pape, il dénonce le trafic des indulgences et provoque un véritable schisme dans toute l’Europe chrétienne. L’unité de l’Empire est menacée par l’opposition croissante entre protestants et catholiques, y compris au sein même de la noblesse.
Pire ! les territoires habsbourgeois de l’Empereur sont sous l’emprise d’une nouvelle menace : les Turcs Ottomans. Régnant en maître sur les Balkans, ils assiègent Vienne en 1529 après avoir vaincu les Hongrois en 1526 à la bataille de Mohács. Si l’attaque de Vienne est un échec, la nouvelle de la menace est perçue comme une véritable catastrophe par les populations de l’Empire qui comparent les armées turques à celles de l’Apocalypse. Charles Quint préfère les combattre non pas sur terre, mais en mer en menaçant les possessions turques du Maghreb : Tunis est conquise en 1535 mais Alger reste aux mains des « barbaresques », ces pirates musulmans au service des Turcs.
C’est dans ce contexte très instable que Charles Quint, très tôt touché par la goutte, décide de se retirer du pouvoir. Il partage son Empire, immense mais trop éparpillé, en léguant en 1556 ses possessions flamandes et espagnoles à son fils, Philippe II. La couronne du Saint Empire revient à son frère Ferdinand en 1558. La même année, Charles Quint, l’homme le plus puissant d’Europe pendant près d’un demi-siècle, meurt dans un couvent en Espagne où il s’était retiré.
Finalement, que dois-tu retenir à propos de Charles Quint ?
-Charles Quint règne sur un immense empire et porte la dynastie des Habsbourg au sommet de sa puissance.
-Par sa rivalité avec François Ier, il entretient les tensions entre la monarchie française et les Habsbourg d’Espagne et d’Autriche.
-Empereur du Saint-Empire, il assiste impuissant aux bouleversements religieux que provoquent les thèses de Luther. Avec l’arrivée du protestantisme, la chrétienté se voit définitivement divisée.
-Le siège des Turcs devant Vienne est un véritable choc. La menace ottomane ne cesse de s’étendre en Méditerranée et dans les Balkans au détriment des chrétiens. Charles Quint tente tant bien que mal de ralentir leur progression.
A la mort de Charles Quint, les Habsbourg se trouvent donc à la tête de deux des plus grands royaumes catholiques : l’Espagne et le Saint Empire romain germanique. Ceux-ci vont continuer d’affronter les puissances montantes de l’époque comme le royaume de France ou l’empire ottoman. Mais ceci est une autre histoire…