Bonjour, tu aimes l’Histoire et tu as bien raison ! Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire des bourgeois et des ouvriers au XIXème siècle. Regarde d’abord cette frise chronologique. Nous sommes après la Révolution française de 1789. La période dont je vais te parler s’étend sur tout le XIXème siècle. Et même au-delà.
Avant tout, prenons le temps de définir ce qu’est un ouvrier et ce qu’est un bourgeois.
A l’origine, un bourgeois est l’habitant d’un bourg. Puis au XVIIIème siècle, c’est celui qui s’enrichit, souvent un homme, commerçant ou chef d’entreprise. A partir du XIXème siècle, les bourgeois constituent une classe sociale, c’est à dire un groupe à part dans les couches supérieures de la société. Quant à l’ouvrier, c’est un homme ou une femme, voire un enfant, qui travaille dans des ateliers, de tissage par exemple. Puis, avec la mécanisation, c’est celui qui travaille dans les usines ou les mines. Souvent pauvre, il gagne un salaire versé par le propriétaire de l’usine ou de la mine dans laquelle il travaille. Propriétaire qui est bien souvent un bourgeois !A la fin du XVIIIème siècle, les bourgeois et les ouvriers sont encore peu nombreux. Alors, qu’est-ce qui va changer la donne ?
Ce que tu dois comprendre, c’est qu’à ce moment-là, bien des changements sont en cours.
D’abord, en 1789, c’est la Révolution française !En trois ans, l’Ancien Régime est complètement renversé et avec lui, toute la société de cour. Les nobles perdent leurs privilèges. La figure du bourgeois, de plus en plus importante depuis la Renaissance, prend alors une nouvelle ampleur : il participe désormais à la vie politique. En effet, en 1791, une loi instaure le suffrage censitaire ; seuls les plus riches ont le droit de vote. Cette ascension des bourgeois et ce déclin de la noblesse sont décrits par le célèbre écrivain Balzac, dans son roman « Le cabinet des antiques ».
Ensuite, la Révolution industrielle, période pleine d’inventions et de nouvelles machines, profite à la classe bourgeoise : ils créent des entreprises, des industries. Et quand ils réussissent, ils amassent des fortunes considérables.
A la fin du XIXème siècle, la bourgeoisie profite de l’extension du nouvel empire colonial français en Afrique et en Indochine. Elle investit dans les activités industrielles et commerciales entre la métropole et ses colonies.
Ces grands événements modifient considérablement la société française. Les campagnes subissent l’exode rural, c’est-à-dire que les paysans s’en vont trouver du travail dans les villes.
Ces paysans sont recrutés dans les industries et deviennent alors des ouvriers.
Les bourgeois, quant à eux, ont tendance à être économes et préfèrent épargner leur argent. Ils croient dur comme fer à la valeur du travail et au mérite de celui qui se donne à la tâche. C’est dans cet esprit que certaines familles constituent au XIXème siècle de grandes sociétés encore connues aujourd’hui : les familles Peugeot, Michelin ou Bolloré par exemple. Les bourgeois croient dans le progrès, surtout le progrès technique. Ils sont souvent conscients de leurs intérêts communs mais peinent parfois à s’entendre car ils sont concurrents les uns des autres, à travers leurs entreprises.
Les ouvriers, eux, ne se font guère concurrence, hormis durant les grandes crises économiques. Ils savent qu’ils sont souvent peu payés et veulent avant tout l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie. Pour en avoir une idée, tu peux lire Germinal du romancier Émile Zola. L’auteur y décrit aussi la vie d’une famille bourgeoise, propriétaire d’une mine de charbon. La force des ouvriers dépend de deux éléments : d’abord ils sont nombreux, 3,4 millions en France à la fin du XIXème siècle dans l’industrie. Ensuite ils savent qu’arrêter le travail signifie la ruine du bourgeois : la grève est donc un moyen de pression considérable. D’abord interdite par la loi, la grève est autorisée à partir de 1864.
L’opposition entre ouvriers et bourgeois va durer tout le XIXème siècle. Voyons ça en quelques dates clés : une loi du 22 mars 1841 interdit le travail des enfants avant 8 ans. En 1851, une loi limite la durée du travail à 8 heures par jour avant 14 ans. Eh oui, à cette époque, bien des enfants travaillent ! Le droit de grève est obtenu en 1864. Celui de créer des syndicats en 1884. Il faut attendre 1910 pour que la durée quotidienne de travail soit de 10h maximum.
Les conditions de travail difficiles voire dangereuses pour la santé, des salaires très bas, pas de congés payés, un seul jour de repos par semaine : toutes ces conditions éprouvantes sont décrites, je te l’ai dit, dans Germinal, le célèbre roman d’Émile Zola. La grève, réprimée violemment, est un épisode clé du livre. Je te conseille vivement de le lire pour mieux comprendre cette époque.
Les mouvements ouvriers vont donner naissance à des courants politiques : le socialisme puis le communisme. Comme je te le disais au début de cette vidéo, après la Révolution Française, le bourgeois participe à la vie politique. Avec le socialisme et le communisme, certains ouvriers veulent aussi avoir leur mot à dire.
Finalement, que dois-tu retenir à propos des ouvriers et des bourgeois au XIXème siècle ?
- Plusieurs événements participent à l’émergence de ces classes sociales : la Révolution Française, la Révolution industrielle, la colonisation.
- La classe bourgeoise affiche un esprit d’entreprise et réussit parfois à bâtir de grandes dynasties industrielles comme Peugeot ou Michelin.
- Les ouvriers s’organisent pour améliorer leurs conditions de travail et de vie : hausse des salaires, baisse du temps de travail, droit à la grève et création de syndicats.
- Les mouvements ouvriers donnent naissance au socialisme, puis au communisme.
- Balzac évoque l’ascension de la bourgeoisie et le déclin de la noblesse dans son livre Le cabinet des antiques. Tu peux aussi lire Germinal, de Zola, qui décrit la vie quotidienne des ouvriers et d’une famille bourgeoise.
L’évolution de la classe bourgeoise et de la classe ouvrière ne s’arrête pas au XIXème siècle. En France, ce dernier s’incarnera au XXème siècle dans un mouvement comme le Front populaire. Mais ceci est une autre histoire…