Tu aimes l’Histoire et tu as bien raison ! Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire du coup d’État du 18 Brumaire.
Commençons par ce mot : brumaire. Il vient du calendrier créé pendant la Révolution française pour marquer la fin de la monarchie et le début de la République. Les mois y sont désignés par des termes rappelant le temps et les saisons. Ainsi, brumaire, qui remplace octobre, vient des brouillards et brumes qui marquent le début de l’automne.
Mais revenons à notre histoire… Regarde la frise chronologique : nous sommes en 1799, dix ans après le début de la Révolution française. La France est sous le régime du Directoire. Le pouvoir exécutif est détenu par cinq « directeurs » et le pouvoir législatif par deux assemblées : le conseil des Cinq-cents et le Conseil des Anciens.
Les directeurs, dont le chef est Barras, font face à de graves problèmes. Ils ont réservé le droit de vote aux Français les plus riches mais lorsque le résultat des élections leur déplait, ils renversent les assemblées. Cela provoque le mécontentement du peuple.
A l’extérieur, les choses ne vont pas mieux : la France est en guerre avec L’Angleterre, l’Allemagne et la Russie et subit plusieurs défaites.
Les regards se tournent alors vers un jeune général de 29 ans, Bonaparte. Après la conquête de l’Italie en 1796, il prend la tête d’une grande expédition militaire qui vise à conquérir l’Égypte pour tenter de couper la route des Indes aux Anglais.
C’est alors qu’on l’informe de la situation en France : Le Directoire est de plus en plus contesté et les Français divisés. Certains veulent revenir à une politique révolutionnaire tandis que d’autres voudraient rétablir la royauté. Bonaparte est persuadé qu’il peut réconcilier les Français. Mais pour cela, il faut d’abord prendre le pouvoir. Il décide donc de rentrer en France en empruntant la voie maritime. Mais ce voyage est très risqué car la marine anglaise surveille étroitement le trafic en Méditerranée.
Résumons-nous… La France connaît des difficultés à l’intérieur comme à l’extérieur. Les Français ne font plus confiance au Directoire tandis qu’un jeune général victorieux attire de plus en plus leur attention.
A son retour d’Égypte en octobre 1799, il est accueilli triomphalement par les Français. Bonaparte comprend alors que le pouvoir est à portée de main. Qu’à cela ne tienne ! Sieyès, l’un des directeurs, veut lui aussi profiter de l’affaiblissement du Directoire pour récupérer le pouvoir. Pour y parvenir, Sieyès s’appuierait bien sur un jeune général victorieux ! Il prend donc contact avec Bonaparte.
Les deux hommes s’entendent et préparent la prise du pouvoir. Leur plan est de faire croire aux directeurs qu’une révolte se prépare à Paris et qu’il faut donc protéger les députés des deux assemblées en les éloignant de la capitale. Une fois isolés de Paris, l’armée pourrait obliger les députés à mettre fin au Directoire. Pour réussir, Sieyès et Bonaparte disposent d’un atout important : le président de l’assemblée des Cinq-cents est Lucien Bonaparte, le propre frère du général Bonaparte.
Résumons-nous… Bonaparte bénéficie de complicités au sein même du Directoire mais a besoin du soutien de l’armée pour le renverser. Or, la plupart des officiers sont favorables à Bonaparte, notamment ceux qui l’ont accompagné en Italie. Mais les députés vont-ils accepter de renoncer à leur pouvoir ? Le suspense est à son comble !
Le plan est mis à exécution le 18 brumaire de l’An VIII de la République, c’est à dire le 9 novembre 1799 : la rumeur de la révolte s’est répandue et a conduit le Conseil des Anciens à voter le déplacement des assemblées au château de Saint-Cloud. Bonaparte envoie immédiatement 10.000 soldats occuper les principaux lieux du pouvoir politique et militaire de Paris, plaçant ainsi la capitale sous son contrôle. L’après-midi, le Directeur Gohier comprend qu’il a été trompé. Il ordonne au gouverneur de Paris d’arrêter Bonaparte, mais le gouverneur répond qu’il n’obéit qu’à Bonaparte.
Le lendemain 19 brumaire, donc le 10 novembre, les députés des deux assemblées sont réunis au château de Saint-Cloud. Bonaparte se rend devant le conseil des Anciens pour les convaincre de lui donner le pouvoir mais les Anciens refusent de l’écouter. Celui-ci s’entoure alors de quelques soldats et se rend devant l’autre conseil, celui des Cinq-cents dont les députés réagissent encore plus violemment. Criant « à mort le tyran ! », les députés se jettent sur lui, le contraignant à fuir. Le coup d’état pourrait encore échouer. Comment Bonaparte va-t-il s’en sortir ? Laisse-moi t’expliquer.
Tu te souviens de Lucien Bonaparte que je t’ai présenté comme le président du conseil des Cinq-cents… Eh bien il quitte les Cinq-cents et rejoint son frère et ses soldats au cri de « Vive Bonaparte ». Le général Murat, fidèle à Bonaparte, emmène alors les grenadiers vers les salles où siègent les députés et ordonne « Foutez-moi tout ce monde dehors ! » [!!!].
Résumons-nous… Ainsi, l’événement décisif s’est produit : l’armée, restée fidèle à Bonaparte, approuve le coup d’Etat.
Bonaparte rassemble les quelques députés qui lui sont favorables et leur fait signer un texte de loi instaurant un nouveau régime politique, le Consulat, dans lequel le pouvoir est confié à trois consuls : Bonaparte, Sieyès et Ducos. Bonaparte rétablit immédiatement le suffrage universel et procède à un referendum : les Français approuvent-ils l’établissement du Consulat et sa nouvelle constitution ? Le Oui obtient 99,94%. C’est la première fois que les Français sont consultés directement sur l’instauration d’un nouveau régime.
Résumons-nous… Ces deux journées ont été très agitées, mais le calme revient. Le Directoire n’est plus qu’un souvenir et un nouveau régime s’est installé.
Finalement, que dois-tu retenir à propos du coup d’Etat du 18 Brumaire ?
- En 1799, la France, affaiblie par l’anarchie et de grandes difficultés financières est en plus menacée sur ses frontières par les monarchies européennes qui lui sont hostiles. Un retour à l’ordre paraît donc nécessaire.
- Le succès du coup d’État du 18 Brumaire repose d’une part sur les complicités dont profite Bonaparte, notamment celle du Directeur Sieyès et de Lucien Bonaparte, son frère et d’autre part, sur le soutien de l’armée.
- Cet événement est généralement considéré comme l’acte de naissance du bonapartisme, courant de pensée qui regroupe l’ensemble des idées politiques attachées au règne de Napoléon Bonaparte.
- Le régime bonapartiste sera toujours basé sur un lien fort entre le peuple et le chef de l’État. C’est pourquoi l’Empereur Napoléon aura plusieurs fois recours au référendum.
Durant les quinze années suivantes, Bonaparte, devenu l’empereur Napoléon, donnera à la France des institutions extrêmement stables, de fabuleuses victoires militaires et répandra les idéaux de la Révolution dans toute l’Europe.
Mais ceci est une autre histoire…