Bonjour, tu aimes l’Histoire et tu as bien raison ! Aujourd’hui je vais te raconter l’histoire de l’empire colonial français.
Regarde d’abord cette frise chronologique. Si tu as vu notre vidéo sur la conquête du Canada, tu sais que l’histoire coloniale française commence dès le XVIème siècle en Amérique du Nord. C’est ensuite au XIXème siècle, à la fin de la Restauration, que démarre la conquête de l’immense empire colonial français.
Commençons par la conquête de l’Afrique du Nord. Depuis des siècles, la Méditerranée était infestée de barbaresques. Ce sont des pirates qui menacent le trafic maritime mais aussi toute l’Europe du Sud qu’ils attaquent régulièrement afin de capturer de futurs esclaves chrétiens. Pour y mettre fin, le roi Charles X reprend un projet élaboré initialement par l’empereur Napoléon pour éliminer la principale base des pirates, à savoir le port d’Alger placé sous la domination des Turcs de l’empire ottoman. Après Charles X, c’est son successeur, Louis-Phillipe, qui poursuit la conquête du territoire auquel les Français donnent bientôt le nom d’Algérie. A l’époque, ce vaste territoire est soumis aux luttes rivales des tribus qui l’occupent et auxquelles les Français vont aussi se heurter. Les combats seront longs et difficiles, notamment à cause d’un jeune chef de vingt-quatre ans, Abd el-Kader qui réussit à unir plusieurs tribus sous son autorité.
En 1841, La France réagit en envoyant sur place Bugeaud, un général énergique et réputé pour son fort caractère. En quelques mois, il réorganise ses troupes pour les rendre plus mobiles, allège leur équipement peu adapté au climat chaud et recrute des unités constituées avec les autochtones locaux ralliés à la France. C’est avec cette armée d’Afrique comme on l’appellera plus tard qu’il repousse finalement Abd el-Kader vers le Maroc.
En 1843, avec seulement 2000 soldats, le duc d’Aumale, fils du roi de France, s’empare de la smala d’Abd el-Kader, c’est-à-dire son campement principal gardé par trois fois plus de guerriers arabes. Ayant tout perdu, Abd el-Kader doit s’enfuir au Maroc et se rend, en 1847 au duc d’Aumale, marquant ainsi symboliquement la fin de la résistance à la conquête française en Algérie. C’est ensuite en Asie, sous le règne de Napoléon III, que les Français occupent la Cochinchine tandis que le royaume du Cambodge demande à devenir un protectorat de la France.
Mais c’est à partir de 1880, sous la IIIème République, que Jules Ferry, grand homme d’État, engage véritablement la France dans l’aventure coloniale, ce qu’il justifie par des raisons à la fois :
- Économiques, la France a besoin de matières premières pour son industrie et de nouveaux territoires où vendre ses productions.
- Politiques, la France est lancée dans une intense concurrence avec les autres grandes nations européennes et a besoin, de ce fait, d’accroître sa puissance.
- Enfin, idéologiques. Il s’agit pour les républicains d’apporter les lumières du progrès et de la civilisation à des peuples qu’ils considèrent comme inférieurs.
Ainsi se poursuit l’expansion coloniale en Asie où la France conquiert le Tonkin et l’Annam, constituant ainsi en 1887 l’Indochine française à laquelle s’ajoute bientôt le Laos, placé sous protectorat.
Puis, c’est l’implantation de colonies en Afrique noire : Faidherbe et Gallieni conquièrent le Soudan et Savorgnan de Brazza fonde le Congo français. En 1900, trois expéditions parties du Soudan, du Congo et d’Algérie se retrouvent sur les rives du lac Tchad, reliant ainsi les possessions françaises d’Afrique de l’ouest.
Ces conquêtes s’accordent aussi avec les projets de l’Église. Celle-ci tente en effet, avec des prêtres missionnaires comme les Pères blancs du cardinal Lavigerie, de développer la conversion au christianisme des peuples colonisés en même temps qu’elle contribue à améliorer leur santé et leur instruction. Mais qui peuplent les territoires ainsi conquis ? Ce sont des colons que la France envoie dans ses nouveaux territoires et qui travaillent dur pour y développer des activités économiques, notamment agricoles. La présence française se traduit également par un développement et un embellissement des villes comme Alger en Algérie, Saigon en Indochine ou Conakry en Guinée. Il faut aussi noter la création de routes qui favorisent l’essor du commerce. Enfin, la France met un terme à l’esclavage en Afrique noire.
Tu t’imagines bien que tous ces changements bouleversent le mode de vie des peuples colonisés qui en tirent néanmoins certains avantages. La France leur fait par exemple découvrir de nouvelles techniques agricoles. A ce propos, rappelons que le mot colonie vient du verbe colere qui veut dire cultiver en latin. Elle construit aussi des écoles, des hôpitaux, des routes, des ponts, des barrages et des ports. Par ailleurs, contrairement aux colons américains qui, en Amérique, expulsent les Indiens de leurs terres, les Français choisissent de respecter la culture et les mœurs des populations autochtones à l’image du Maréchal Lyautey, réputé pour ses grandes qualités humaines.
A la veille de la Première Guerre mondiale, l’empire colonial français est le plus étendu du monde après celui de l’empire britannique.
Finalement, que dois tu retenir à propos de l’empire colonial français ?
- En 1830, la France s’empare d’Alger. Puis, elle conquiert toute l’Algérie malgré la résistance des tribus locales dirigées par Abd el-Kader.
- A partir de 1880, sous la IIIème République, l’expansion coloniale s’intensifie avec la constitution de l’Indochine en Asie et en Afrique noire d’un vaste ensemble composé de l’Afrique équatoriale et de l’Afrique occidentale
- De nombreux colons s’installent dans ces territoires pour les mettre en valeur.
- A la veille de la première Guerre Mondiale, l’empire français compte presque cent millions d’habitants et contribue largement au prestige de la France.
Cet empire a aujourd’hui disparu, ne laissant subsister que quelques possessions d’outre-mer comme la Guyane, la Martinique ou la Nouvelle Calédonie. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale et en seulement vingt ans, la France va en effet perdre l’essentiel de ses colonies. Mais ceci est une autre histoire !